Pathologies du béton
Le béton est certes un corps inerte, mais il n’en évolue pas moins dans le temps, c’est un composé vivant subissant des changements constants : dilatations, fissures, maladies, ruptures et d’autres encore ! Le béton ne peut donc être simplement abandonné après avoir été coulé, il est comme nous, il va falloir en prendre soin et faire attention à ce qu’il ne tombe pas malade, auquel cas il faudra envisager des cures pour le soigner.
Les différentes pathologies
Voici une liste, non exhaustive, des pathologies habituelles du béton armé ainsi que les traitements éventuels pour les soigner.
Type de pathologies | Phénomène caractéristique | Risques | Traitements | Images |
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Lessivage | Le ruissellement de l’eau douce sur le béton dissout le ciment, mettant petit à petit les aciers et granulats à nu. | Pertes importantes de résistance du béton. Corrosion des aciers et éclatement du béton. | Préventif : éviter le ruissellement sur les murs de vos constructions, pensez aux bandeaux à chaque étage. Curatif : effectuer une reprise de bétonnage sur la surface lessivée. | |
Alcali-réaction | La silice de certains granulats réagit avec le ciment (composé alcalin) formant un gel qui gonfle le béton et le fait éclater. | Apparitions de réseaux de fissures profondes qui entrainent des désordres structurels dans les années qui suivent. | Les granulats potentiellement réactifs sont signalés par les abréviations PR et PRP. Prenez des granulats NR (non réactifs)pour éviter les problèmes. | |
Retrait | Pour différentes raisons (principalement chimiques), le béton va réduire de volume lors de son séchage. | Cette réduction de volume va alors craqueler la surface du béton surtout si elle est empêchée par frottement. | Boucher les fissures qui apparaissent est le seul traitement réellement efficace. | |
Carbonatation | La portlantdite du ciment réagit petit à petit avec le CO2 de l’air. Cette réaction réduit donc le pH du béton de 13 à 9. Lorsque le front de carbonatation atteint les armatures, elles corrodent les armatures qui gonflent et éclatent le béton. | De gros désordres structurels se présentent. Les aciers perdent beaucoup en résistance et le béton risque de rompre. | Il faudra penser à utiliser des bétons peu poreux et composé de ciment avec un minimum de portlandite pour réduire la réaction avec le CO2. Attention ce sont les zones couvertes et cachées de la pluie qui seront les plus touchées, car la carbonatation est maximale à 60 % d’humidité. En cas de forte probabilité d’apparition de la maladie, il est possible de brumiser régulièrement votre béton. | |
Attaque des ions chlorures | Les ions chlorures (présents dans l’eau de mer, l’eau des piscines, certains sols et certains granulats) peuvent pénétrer par les fissures ou le réseau poreux du béton pour aller corroder les aciers. | Fissuration du béton. Réduction de la section des aciers résistants. Éclatement local du béton. Apparition de rouille à la surface du béton sous forme de taches non esthétiques. | Il est possible d’utiliser de l’acier inoxydable pour le ferraillage, mais c’est beaucoup plus cher que de l’acier classique. Un traitement au zinc endiguera la corrosion, mais il restera à boucher les trous dus aux éclatements. On peut également utiliser des bétons peu poreux. | |
Réaction Sulfatique Interne (RSI) | En cas de fortes températures (65 °C et plus) au cœur du béton au jeune âge, le béton refroidit lentement et la formation d’ettringite (minéral composé de soufre, calcium et d’aluminium qui permet de réguler la prise du ciment) est alors retardée. En contact avec des sulfates (venant de l’eau de mer, du sol ou d’engrais), de l’ettringite expansive se forme alors entrainant un faïençage profond du béton. | Semblables aux risques de l’alcali-réaction | Prendre garde à la classe d’exposition aux sulfates et s’ils sont très importants se tourner alors vers un béton moins alcalin. Ne coulez pas votre béton par des températures trop élevées, en plein été. Utiliser des bétons ayant une faible réaction exothermique. Pour des ouvrages conséquents, il est possible de prévoir des coffrages avec liquide de refroidissement. | |
Gel/Dégel | Les cycles gel/dégel fragilisent le béton. L’eau pénètre dans le réseau de fissures et de pores du béton. Lors du gel, cette eau gonfle et va alors éclater localement le béton. Les sels de déverglaçage ont alors un chemin pour corroder les aciers. | Fissuration interne par gonflement du béton à cœur. Écaillage du béton à sa surface sous l’effet des sels de déverglaçage. | Utiliser des granulats non gélifs, des entraîneurs d’air pour obtenir des bulles faisant effet de vases d’expansion. Ne pas mettre trop d’eau dans le béton. |
Le saviez-vous ?
Tout comme nous le béton peut avoir la grippe ! Tout du moins le béton subit aussi des attaques bactériologiques qui peuvent causer de gros désordres ou au contraire le soigner (comme la bactérie Bacillus). Ces attaques sont encore trop peu connues, mais on se rend petit à petit compte qu’il faut soigner le béton et le nettoyer régulièrement pour lui offrir une meilleure durabilité.
Le saviez-vous ?
Les styles architecturaux Louis XVI et de la Révolution avaient décidé de supprimer les bandeaux de façade à chaque étage. Or, on s’est rendu compte plus tard que ne pas bloquer le ruissellement le long des façades avait causé de gros désordres comme le déchaussement de grosses pierres des murs. Ne réitérons pas l’erreur de nos ancêtres et mettons bien les bandeaux pour éviter le lessivage.
Il est vrai que votre béton va pouvoir avoir de nombreuses pathologies durant toute sa vie, mais il ne faut pas vous inquiéter pour autant. Les calculs de dimensionnement tiennent compte de tous ces problèmes et il y a peu de chance pour que votre ouvrage finisse en ruine à cause d’une des maladies présentées ici. Ne devenez surtout pas hypocondriaque pour votre béton après avoir lu cet article !
Issu de l'ESTP en spécialité bâtiment, Brice est passionné par le domaine de la construction et plus particulièrement par l'architecture et la beauté des bâtiments.