Joint de dilatation
Elément de maçonnerie incontournable, le joint de dilatation est utilisé principalement lors de la réalisation d’ouvrages en béton. Mais de quoi s’agit-il, concrètement ? Nous faisons le point sur l’utilité d’un joint de dilatation et sur son installation.
Un joint de dilatation, c’est quoi ?
Parfois appelé “joint de mouvement”, le joint de dilatation a pour rôle d’empêcher la fissuration du béton lors de son durcissement (les différentes parties de la dalle béton ne sèchent pas forcément à la même vitesse, ce qui peut créer des déséquilibres) mais également après.
Pour mieux comprendre, il faut se pencher sur l’évolution du béton après coulage.
Avec le temps, le béton peut fissurer. Cela crée une dalle irrégulière et peu stable qui remet en question la solidité de la structure qu’elle maintient. Outre le temps, d’autres facteurs impactent également le béton : l’humidité ambiante (qui s'infiltre), les variations de température… Sous l’effet des variations hygrométriques ou de température, le béton se met en “mouvement” : il se rétracte ou se dilate. Or, ce changement de dimension crée des zones de faiblesse qui influencent gravement les capacités mécaniques de résistance du béton. Finalement, cela peut créer des fissures et un affaissement de la dalle. Le joint de dilatation est mis en place pour compenser le mouvement du béton et donc pour éviter le phénomène de fissuration (ou empêcher sa propagation à la dalle entière). Il absorbe les forces agissant à l’intérieur de la matière.
Très concrètement, il s’agit d’un joint d’une largeur moyenne comprise entre 5 et 25 mm et d’une longueur allant jusqu’à 6 m. Celui-ci peut être de PVC, silicone, de caoutchouc ou encore de métal, et s’adapte aux dalles comme aux chapes (certains sont d’ailleurs spécifiques, il faut donc bien se renseigner à l’achat). Le prix d’un joint de dilatation varie entre 1 et 2 € / mètre linéaire.
Quand emploie-t-on un joint de dilatation ?
Toute dalle de béton n’a pas forcément besoin de joints de dilatation. Ceux-ci sont avant tout utilisés pour les dalles de grande à très grande superficie, pour les diviser en dalles plus petites. Les dalles de superficie réduite sont également sujettes à mouvement mais cela risque moins de se transformer en fissures.
Le saviez-vous ?
Il est également possible de remplacer le joint de dilatation en creusant une fine tranchée dans la dalle au moyen d’une disqueuse (que l’on recouvrira d’un couvre joint). Découpée sur quelques centimètres seulement, celle-ci permet également d’éviter les fissures du béton. On l’appelle “joint de fractionnement”.
Il est possible d’installer un joint de dilatation aussi bien dans le sol sur sur les murs ou les plafonds.
Souvent, on parlera également de joint de dilatation pour décrire l’espace laissé entre deux constructions mitoyennes (4 cm environ). Celui-ci permet, en cas de mouvement de la matière, que les construction ne se “poussent” pas l’une l’autre.
Comment installer un joint de dilatation ?
L’installation du joint de dilatation en lui-même est relativement simple. Néanmoins, il vous faut réfléchir au préalable sur les problématiques d’emplacement et d’espacement de ces derniers en fonction des caractéristiques de votre dalle ou chape béton.
Le joint de dilatation est placé dans la dalle (et parfois en périphérie) avant le coulage du béton, tous les 15 à 20 m² environ.
Suivez les étapes ci-après pour installer vos joints de dilatation très facilement.
Etape n°1 : préparation de la surface
Le joint de dilatation se positionne dans la fouille avant le coulage du béton. Commencez par positionner votre coffrage, ajouter le hérisson et le tasser (mélange de sable et de graviers concassés). Ensuite, installez une large bande de film polyane pour éviter les remontées capillaires vers l’intérieur du béton.
Pour déterminer l’emplacement des joints de dilatation, installez ensuite un marqueur ou tirez un trait à chaque endroit où vous souhaitez les installer.
Etape n°2 : installation du joint de dilatation
Il vous suffit ensuite de disposer les joints aux endroits indiqués, puis à les faire tenir au moyen de petits plots de ciment, que vous laisserez durcir avant le coulage du béton. Il est aussi possible d’utiliser des pierres plates pour maintenir le joint.
Attention : ne maintenez pas vos joints de dilatation avec une planche de bois. Celle-ci risquerait de gonfler sous l’effet du béton et d’être justement à l’origine de microfissures en surface.
Après avoir posé le joint, installez votre treillis soudé (destiné à armer la dalle béton). Au possible, celui-ci ne doit pas entrer en contact avec le joint de dilatation. Pour vous en assurer, positionnez votre treillis soudé sur des petites cales de bois d’environ 3 à 5 cm de hauteur.
Vous l’aurez compris : la pose de joints de dilatation n’est pas compliquée en soi, mais celle-ci doit être réfléchie. Aussi, l’installation doit respecter le DTU (document technique unique) et principalement les normes suivantes : NF DTU 20.1 (“Ouvrages en maçonnerie de petits éléments”) et NF DTU 26.2 P1-1 (“Chapes et dalles à base de liants hydrauliques”).
Muni(e) de ces informations sur l’emploi du joint de dilatation, vous êtes désormais à même de mener votre chantier de béton d’une main de maître. A vous de jouer.
Amandine est ingénieur de l'Ecole Centrale de Nantes. Elle est à l'origine de la plateforme de commercialisation de béton au particulier allobeton.com